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Céline Thoué, exposition Sauver l'espace

L'exposition du 15 au 29 avril 2022 présente une trentaine de linogravures en tirages uniques de Céline Thoué. Un ensemble agrémenté d'une installation en résonnance avec Les Bifurcations, thématique de la Biennale de Design 2022.

L'installation résulte d'une collecte d'éléments liés à l'environnement de l'artiste au moment où elle créée, et qui peuvent lui servir de modèle. Ces objets trouvent une nouvelle existence sous le regard de Céline Thoué qui perçoit dans leurs formes, couleurs et usages passés, une source intarissable d'inspiration.

Ces éléments sublimés passent alors du statut de rebut à celui de modèle. Une considération d'ordre écologique du fait du recyclage de ces déchets d'ateliers, parfois même glanés dans la rue, sur le chemin de l'atelier.

L'œuvre est une sorte de ready-made, et l'installation se fait in-situ. Elle tient compte des qualités de l'environnement dans lequel elle se déploie, des lumières et des couleurs. Un espace à intervalle régulier contourne chaque objet épinglé sur le mur pour permettre de les individualiser à nouveau, tout en laissant respirer la composition. Suivant cet espace minimal d'environ trois centimètres, notre regard circule sans encombres au gré des tonalités, des textures et des reliefs.





Entretien


Si votre pratique artistique est majoritairement représentée par vos œuvres en linogravure, vous pratiquez également la gravure sur bois, l'installation, le frottage, la peinture, la céramique, la typographie et la performance. Comment ces différentes tendances s'articulent dans votre démarche artistique ? Je passe quotidiennement d'un geste à un autre, je ne vois pas de différence d'intention entre chacune de ces disciplines. Mais je les allie constamment pour nourrir mon travail, la représentation que je veux donner de mes idées, et surtout entrer dans chacune de ces matières avec la même intensité. Pour moi un dessin est le rejeton d'un autre, une installation est la conséquence d'une autre, une gravure en amène une autre, tout est lié. Je ne veux absolument pas rester dans une seule discipline que je ferais évoluer, mais je m'ouvre à toutes pour chercher, alimenter, approvisionner mon travail, et rester en appétit. même si le dessin est la base sur laquelle repose la plupart des créations que je donne à voir, il sera toujours suivi d'une rencontre gravée, mise en volume, en espace, peinte. Je dialogue et reste à l'écoute de ces croisements, ces possibles.

Vous présentez votre pratique comme un jeu, une construction à partir de matrices ou d'objets collectés. Peut-on y voir une influence des courants d'avant-gardes ? Est-ce en lien avec le fait que vos œuvres soient des exemplaires uniques ? Les avant-gardes, les constructivistes, les dadaïstes sont mes aînés et sont en filigrane chaque minute dans mon atelier. j'ai appris avec eux la composition, la radicalité d'une image, les jeux de formes, de couleurs, de motifs, la liberté de leur placement dans la page, etc.... ces questions de jeux graphiques m'accompagnent dès lors que j'élabore une affiche imprimée. Je décide que cette liberté ne doit pas forcément se reproduire. je souhaite que l'unicité de mes affiches garde une vitalité que je perds déjà lors d'un deuxième tirage.

L'atelier est une thématique au cœur de vos œuvres, qu'il s'agisse de votre installation "Sauver l'espace" comme de votre livre d'artiste "L'atelier", quels enjeux derrière ce lieu ? L'atelier est pour moi plus qu'un espace de travail, il est une rencontre, un lieu de vote, un lieu de choix, un lieu d'idée, un rendez-vous, et surtout la préservation de tous mes gestes de travail que je garde secrètement ou nom en son intérieur. L'enjeu principal est celui de la mémoire. Mais d'autres ateliers existent en périphérie de celui-ci : ils sont extérieurs, ils sont des champs, des villes, des terrains vagues, des cahiers.

En 2005 vous fondez d'ailleurs l'atelier L'épluche-doigts avec l'artiste Pierre Abernot, où vous exercez une pratique de microédition. Quel rôle occupe alors le multiple ?

Le multiple arrive dans la création de cette petite maison d'édition afin de diffuser notre travail de gravure et typographie. il convenait alors de générer plusieurs exemplaires d'un même ouvrage, d'une carte ou affiche. c'était l'idée aussi de créer une collection. Peu à peu le nombre de tirages à diminuer, on ne s'imposait plus du tout de définir un nombre déterminé d'objets imprimés, mais on s'octroyait la liberté de pouvoir en imprimer qu'un seul exemplaire. le multiple disparaissait assez rapidement de nos questionnements de graveurs.


Entretien par Inès Pichaud




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