Lionel Sabatté, « Poussières des cimes, Saison 1 », 2021
Chacune des pièces de la série « Poussières des cimes » est un multiple unique, résultat d’un processus éditorial performatif. Sur presse manuelle, l’image est tout d’abord sérigraphiée lors d’un premier passage d’encre blanc de titane, très épaisse ; sans attendre, dans le frais du dépôt pictural, Lionel Sabatté projette de la poussière qui s’est accumulée pendant une année dans son atelier. L’image sous-jacente ainsi révélée par les fines particules d’une densité mordorée est ensuite soigneusement fixée, à plusieurs reprises, par un vernis mat anti UV. Dès lors, les tirages multiples se transmuent en créations originales : chaque apparition advient diversement, en fonction de l’orientation variable de la projection des poussières et de la nature des particules ainsi prises dans l’image sérigraphiée. Le poudroiement de scories – minérales, végétales, organiques – cristallise la vie intime de l’atelier. Comme inscrite sur une plaque sensible, l’image de cimes, au gré des inclinaisons lumineuses, se dessine par contraste ou s’éclipse en ton sur ton. L’élévation de poussière en nuée, connecte aussi symboliquement en contre plongée, terre et ciel, haut et bas, infiniment petit et infiniment grand.
30 exemplaires numérotés de 1/30 à 30/30, 12 épreuves d’artistes numérotées de I/XII à XII/XII. Estampes sérigraphiées manuellement sur Arches 88, 300 gr/m2, sur les presses artisanales de l’atelier Estampille, avec rehauts originaux de l’artiste. Édition Ceysson & Bénétière, Saint-Étienne, 2021.
Anne Favier
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