Moucharabieh, Dylan Caruso : matière et lumière sur papier de lait.
- Estampille sérigraphie
- 17 mai
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Dernière mise à jour : 26 mai
À l’occasion de la Biennale Internationale de Design 2025 Ressource(s), présager demain, à Saint-Étienne, l’atelier Estampille présente une installation singulière autour du travail de l’artiste Dylan Caruso : Moucharabieh.
Une œuvre où chaque feuille a été soigneusement préparée par l’artiste, selon un protocole exigeant, puisque cinq bains successifs de lait ont été appliqués sur ce papier en pur coton, particulièrement absorbant. La caséine ainsi déposée par couches successives, a formé une pellicule fine et protectrice, évoquant par sa surface à la fois lactée et laquée, les enduits à la tempera utilisés à la Renaissance. Ce procédé artisanal confère au papier une délicatesse particulière, en dialogue avec les qualités de l’impression.
La sérigraphie a été réalisée à Estampille par Delphine Chapuis, avec une encre gonflante, chauffée à plus de 100°C pour obtenir un relief subtil et idéal. La difficulté majeure consistait à maîtriser l’intensité de la chaleur afin d’éviter toute brûlure de la surface, extrêmement sensible.
Ce travail précis, à la limite de l'impression et du relief sculptural, engage une réflexion sur la matérialité de l'image imprimée. L'œuvre interroge la frontière entre surface et volume, image et structure, en faisant naître une tension fertile entre le motif ajouré et la densité du papier de lait, le geste technique et la fragilité du matériau.
L'œuvre Moucharabieh, de Dylan Caruso, s’inspire des sculptures et des décors sculptés, voire dentelés, de la chapelle du Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse. À travers ces motifs ajourés, Dylan Caruso explore, entre autre, les correspondances entre le gothique flamboyant et les influences mauresques, dans une esthétique de la lumière filtrée, du seuil, et de la porosité des passages entre l'intérieur et l'extérieur, le sacré et le profane.
Pour la Biennale de Design 2025, douze sérigraphies de la série sont réunies en une composition murale, constituant une paroi fictive de moucharabiehs, à l’échelle de l’atelier. Cette présentation a été coordonnée et mise en œuvre par Juliette Ritte et Ryan Kowalski, étudiants en Master 1 Recherche et Création en Arts Plastiques à la Faculté Jean Monnet. Accueillis à Estampille dans le cadre de leur stage avec Delphine Chapuis, ils ont joué un rôle essentiel dans l’organisation, la médiation et la mise en valeur de cette œuvre ; avec rigueur, sensibilité et enthousiasme.
Cette installation dialogue également avec le retour de l’exposition : Estampille, histoire d'une imagerie populaire, présentée par les Ateliers A+ à Montpellier. Initialement prévue pour quatre mois, l’exposition a été prolongée de deux mois supplémentaires, offrant une belle reconnaissance au travail éditorial de l'atelier. À l’occasion du retour des œuvres, plusieurs pièces ont retrouvé place dans notre espace d'exposition, parmi lesquelles celles de Orlan, Lionel Sabatté, Jacquie Barral, Jacques Barry, Anne-Valérie Gasc, Florence Bruyas, et d’autres artistes, aux côtés des moucharabiehs de Dylan Caruso.
Estampille poursuit ainsi son engagement en faveur d’une pratique artistique et imprimée située, en croisant création contemporaine, impression artisanale et transmission.
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