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  • Estampille sérigraphie

Jean-Marc CERINO, Sale thé

Jean-Marc Cerino a ponctuellement eu recours à la sérigraphie dans son travail. D’abord avec le livre d’artiste Et que tel que je fus, n’ayant rien été, je sois ! constitué de huit sérigraphies à l’encre blanche sur calque. C’est la question du blanc, impossible en offset, qui le conduit à cette technique d’impression. Il l’emploiera ensuite pour la réalisation d’œuvres d’art uniques, que ce soit par l’impression au cadre avec les entreprises d’ennoblissement textile de Bourgoin-Jallieu, pour le projet Savoir, c’est se souvenir, ou encore pour la réalisation des vitraux de l’Église de Vassieux en Vercors.


Avec cette résidence à Estampille, c’est une nouvelle étape sérigraphique qui s’ouvre à partir du travail de peinture sur verre de l’artiste, nous y reviendrons plus tard, mais aussi de son iconographie personnelle. Jean-Marc Cerino collecte des dessins et gravures anciennes satyriques, politiques ou sociales, souvent réalisées pour des journaux. La sérigraphie Sale thé trouve son origine dans un dessin attribué à Gino Baldo et qui serait paru dans le journal Bicard le Bouif, une caricature d’époque de « la ménagère » représentant une femme ébouriffée avec un balai que l’artiste détourne.



Sale thé est une boutade, une icône saugrenue en lutte contre une tache qu’elle ne peut repousser avec son balai. Une tache inexorable aux teintes brunâtres et romantiques, constituée d’une aquarelle de thés.


Avant d’être sérigraphiée, chaque feuille a été trempée par Jean-Marc Cerino dans trois mixtures colorées de thés verts et noirs longuement infusés – un protocole en trois étapes. L’angle frangé du papier est d’abord plongé dans les bols de thés, puis son angle imbibé disposé sur une table lisse qui agit comme une ventouse. Enfin, après une heure de ce premier séchage, les feuilles sont installées sur un meuble près d’une fenêtre pour finir de brunir à la lumière du soleil pendant quelques jours. Ces phases ont été réalisées en trois fois.



Ce rythme ternaire a également initié celui de la sérigraphie. Chaque estampe a été imprimée en une couleur mais en trois passages. Cette répétition a permis de donner du relief à la ligne claire et de l’extraire de la surface de la feuille dont elle cache désormais le grain. Le troisième et dernier passage d’encre a augmenté cet effet en étant mélangé avec de la levure à pâtisserie. Ainsi, l’iconique ménagère n’est pas absorbée par son support comme le thé, mais rendue présente par la matière de l’encre durcie et gonflée, la figure se détachant du fond.



Chaque exemplaire de la série est unique et s’inscrit dans une temporalité, celle de l’intervention de l’artiste. Les taches retranscrivent son geste calme et lent, pour laisser apparaître les différentes teintes et strates des bains de thés. Un certificat d’authenticité indique la séquence de trempage à laquelle appartient chaque estampe. Elles sont signées, numérotées et titrées au dos pour ne pas nuire à la lisibilité de l’œuvre.




Exposition à venir :


Jean-Marc Cerino, Reprendre n’est pas voler

Les limbes du 10 septembre au 2 octobre 2021.

Vernissage le vendredi 10 septembre à partir de 19h00


Les peintures de Jean-Marc Cerino sont réalisées d’après des photographies et des dessins, pour l’essentiel d’anonymes, un regard partagé du monde, comme l’énonce l’artiste. Il s’agit pour lui de se rendre dans l’espace infini des archives, sans hiérarchiser

ni classer, pas même monter, mais simplement ou légèrement voleter comme le ferait un papillon. Au final, il ne semble rien rester de ce vol, que de simples instants de pose que sont les images retenues. Et pourtant, celles-ci, sans le retracer, ouvrent malgré tout sur ce vol, deviennent des vestiges de ce vol. Il s’agit alors de reprendre par la peinture ces images souvent délaissées, voire abandonnées. En pensant à ce geste de reprise, au vol du papillon et au double sens du mot voler, le titre proposé par l’artiste prend tout son sens : reprendre n’est pas voler, c’est redonner.


Une rencontre aura lieu avec Jean-Christophe Bailly et Jean-Marc Cerino, en dialogue avec Philippe Roux, autour du livre de Jean-Christophe Bailly : La Reprise et l’Éveil, Essai sur l’oeuvre de Jean-Marc Cerino, le jeudi 30 septembre à 19h00. Un événement en partenariat avec la revue De(s)générations et la librairie Lune et l'Autre.


Bassin de radoub à l’abandon, la Vieille forme, Rochefort, 2021 huile sur verre, huile et peinture synthétique à la bombe sous verre 105 x 135 cm






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